Le FFN : Fond Forestier National créé en France en 1946 était destiné à favoriser le reboisement et l’entretien des forêts
Il a été créé en 1946 par la loi du 30 septembre, en application du Conseil National de la Résistance suite au rapport Liloup de mai 1945, le Fond Forestier National a, pendant 54 ans, encouragé le reboisement l’aménagement des forêts françaises. Il s’agissait d’un fond alimenté par une taxe sur le bois versée essentiellement par l’industrie de première transformation, ayant pour but d’apporter une aide financière aux investissements forestiers et notamment pour des opérations de reboisement. Le FFN n’existe plus depuis le 1er janvier 2000. Jugé inadapté sous cette forme, ce fond a été remplacé par d’autres aides et soutien de l’Etat.
Sur plus d’un demi-siècle, ce fond a toutefois permis de modifier considérablement et durablement le paysage forestier français. On revient dans cet article sur le contexte d’après-guerre et ce qui a poussé le gouvernement existant à prendre une telle décision de soutien à la forêt, sur les modalités de mise en place du FFN, ce qu’il a favorisé et quels ont été les résultats. Aujourd’hui, la forêt française, forte de cette histoire qui a favorisé le reboisement mais dont les conséquences ont été parfois moins positives, couvre 31% du territoire. Son patrimoine sur pied est important mais son industrie encore insuffisante pour l’exploiter à sa juste valeur, comme nous avons pu le constater dans les articles sur l’industrie du chêne et l’industrie du résineux en France. Autant de sujets sur lesquels il est bon de se pencher.
1. Pourquoi le Fond Forestier National ?
Après la guerre 39-45, l’Etat français souhaite reconstruire et mettre en valeur son patrimoine forestier qui a été mis à mal. Il érige d’ailleurs le reboisement au rang de « devoir national ». Le FFN vise donc à répondre aux séquelles de la guerre. En effet, la demande en bois matériau est très forte. Elle est liée à la reconstruction, dopée par les suites du baby boom, la construction liée à un contexte de forte immigration ainsi que l’apparition de maisons secondaires. Les besoins sont de taille : monuments, maisons individuelles….La demande croissante de fibre du secteur papier s’ajoute également aux besoins en bois. La première guerre mondiale ayant été elle même source de fortes pressions, il est urgent d’agir en incitant le boisement.
Le but est clair : reconstruire la forêt privée comme la forêt publique.
Ce fond de 100 millions d’euros par an a été diminué à 66 millions d’euros dans les années 80.
2. Comment le Fond Forestier National a-t’il été mis en place ?
L’Etat français a donc organisé le reboisement de grande ampleur en 1946 avec la création et la mise en place d’un fond exclusivement dédié à la forêt. Il crée donc le Fond Forestier National (FFN) qui est alimenté par les taxes sur les produits forestiers qui sont ensuite reversées par le trésor public sous forme de subventions, de prêts, de bons, permettant d’acheter des plans en pépinières. Cette taxe est versée par les exploitants forestiers et le commerce de 1ère transformation du bois.
Il s ‘agit donc de reconstruire la forêt privée comme publique par la plantation d’essences éligibles aux financements. En effet, tout n’est pas éligible au FFN. Il s’agit essentiellement de résineux (83% des arbres sont des pins Douglas et Epicéas). Ce n’est que 30 ans plus tard que les feuillus sont intégrés aux boisements de ce fond. En 1974, le chêne pédonculé, le chêne rouvre, le hêtre commun, l’érable sycomore, le frêne, le merisier et en 1978, le chêne rouge d’Amérique deviennent des essences feuillues éligibles au FFN.
De 1946 à 1987, un immense chantier forestier a été déployé. On compte 2,3 millions d’ha reboisés en France métropolitaine. En 53 ans, la surface boisée française a gagné 1/3 de sa surface. On est passé de 10,7 millions d’ha en 1946 à 15,2 millions d’ha en 1999.
En plus de cela, le Fond National Forestier a permis d’aménager 40 000km de routes et de pistes carrossables permettant une meilleure exploitation de la forêt. En effet, le FFN visait le autant désenclavement des forêts afin de faciliter l’accès aux engins que le reboisement.
3. Bilan du Fond Forestier National
Le Fond National Forestier n’existe plus depuis le 1er janvier 2000. Cet arrêt est lié à la demande de la filière bois se plaignant de supporter de trop lourdes charges. De plus, la surface forestière ayant fortement augmenté et face aux pressions des autres pays d’Europe (sans subventions) se trouvant dans une situation de concurrence déloyale, il a été jugé bon de stopper ce fond.
Enfin, les objectifs du FFN ont été atteints :
- Une extension forestière de plus de 2 millions d’ha dont 1,5 millions appartiennent à des propriétaires privés.
- Un fort développement des pépinières.
- Le développement des routes et des pistes permettant une exploitation plus rapide, plus efficace et plus rentable de la forêt.
- Une meilleure défense de la forêt notamment au niveau des incendies (en Aquitaine par exemple).
Aujourd’hui cependant, certains effets pervers se font sentir. En effet, les résineux (épicéas, douglas qui sont des essences exotiques), ainsi que les peupliers, ont été fortement privilégiés jusqu’en 1990. Ces essences à la croissance facile et rapide avec une courte révolution, répondaient bien au marché des années 45 à 60 mais plus actuellement. On constate un déséquilibre en feuillus et résineux qui sont en très grand nombre. Ce manque de biodiversité naturelle est vecteur de maladies et ne contribue pas à la résilience des forêts. Les aides ont également souvent encouragé les coupes rases et l’artificialisation des forêts. Le reboisement a aussi été trop mené au détriment de milieux naturels comme les prairies ou les bocages.
L’arrêt du Fond Forestier National en 2000 a marqué un changement de vision de la forêt. La biodiversité, le développement durable des forêts sont aujourd’hui dans tous les plans et lois liées au développement forestier.
Le Fond Forestier National a été mis en oeuvre pendant 54 années pendant lesquelles on n’a cessé de boiser ou reboiser. Au total 2 257 000 ha ont été plantés soit 44 000 ha annuellement. C’est de 1949 à 1967 que le FFN a connu sa pleine activité avec 55 000 ha boisés chaque année. De 1967 à 1999, il a été en décroissance continue pour les raisons expliquées ci-dessus.
Véritable coup de pouce à la reconstruction et au développement de la forêt en France, le Fond Forestier National a répondu à un besoin qui n’est aujourd’hui plus le même. Mais de nombreuses autres aides existent notamment pour les propriétaires forestiers privés.