C’est une multi-révolution à laquelle nous assistons en ce premier quart de XXIᵉ siècle et les années COVID ont accéléré ce mouvement. Une véritable période charnière.
Les changements sont nombreux et très rapides en ce premier quart de XXIᵉ siècle. La révolution numérique a bouleversé notre rapport au travail, mais bien plus en profondeur, notre rapport aux sciences, notre vision du monde. Elle entraine des conséquences qu’il nous faut aussi maitriser, par exemple dans la véracité de l’information. C’est une véritable période charnière dans laquelle l’homme se trouve actuellement. Les années COVID ont accéléré le mouvement, notamment dans la prise de conscience du monde dans lequel nous vivons et ont fait réfléchir sur le sens que nous donnons à nos vies. L’accélération du changement climatique et les réelles conséquences que nous commençons sérieusement à toucher du doigt, modifie la façon d’envisager l’économie et fait évoluer les normes industrielles. Les politiques nationales, européennes et même internationales accélèrent la mise en place de plans en vue de la réduction d’émissions de gaz à effet de serre.
Révolutions : numérique, industrielle, philosophique, sociale et climatique, sont imbriquées et se répondent. Elles entrainent des conséquences et des comportements qui prennent aujourd’hui un nouveau tournant. En effet, le rapport à la nature a définitivement changé. Il s’agit de la protéger indéniablement, tout en continuant à la rendre exploitable par l’homme dans le respect de son développement durable.
De nouvelles pratiques, cultures et lois donnent l’orientation vers laquelle les forestiers, agriculteurs, industriel et usagers doivent aller si on veut conserver nos ressources.
Cet article dresse le constat de l’ensemble de ces enjeux liés à la terre et la forêt pour que tout un chacun jouisse d’une nature en bonne santé tout en maintenant un développement économique permettant à l’homme de vivre décemment.
- Les enjeux forestiers
La nouvelle réforme de la PAC 2023-2027 intervient désormais jusqu’en forêt et booste ainsi les obligations environnementales. Nous parlons aujourd’hui d’agroforesterie qui encourage la présence d’arbres, de culture et d’animaux sur une même parcelle. Une pratique ancestrale qui permet une meilleure utilisation des ressources, une plus grande diversité biologique ainsi que la création d’un microclimat favorisant ainsi les rendements. Alors que les arbres ou les haies étaient encore dans les années 70 perçus comme des contraintes difficilement valorisables, ils sont aujourd’hui des biens notamment patrimoniaux en ce qui concerne les forêts, en tout cas investis de nouvelles fonctions écologiques et sociales. On se rend compte désormais que l’agroforesterie peut apporter des revenus complémentaires directement ou indirectement.
La haie prend aujourd’hui toute son importance et la réforme de la PAC lui consacre de la place dans plusieurs volets. On se rend compte qu’elle est indispensable au bocage, à la biodiversité et à la préservation des écosystèmes.
La forêt devient également un outil de décarbonation pour les entreprises. En investissant dans des projets de reboisement, en devenant propriétaires de biens forestiers, les entreprises peuvent ainsi compenser leurs émissions de gaz à effet de serre. Le but premier étant bien évidemment avant tout d’éviter l’émission de ces GES.
Les propriétaires forestiers sont aujourd’hui détenteurs de bien qui ont la capacité de filtrer l’eau. Il est reconnu que le sol forestier possède de véritables vertus pour purifier l’eau et pour la capter dans des réserves naturelles. L’eau est un enjeu majeur du siècle à venir.
Les sols forestiers ont également la capacité de décarboner. Ils sont de véritables réservoirs naturels de carbone tout en maintenant une faune et une flore extrêmement riche.
La forêt est, de fait, un véritable abri pour les écosystèmes.
Dans un tel contexte, le reboisement est devenu un objectif majeur, notamment pour le gouvernement. Il est d’ailleurs prévu un reboisement à hauteur d’un milliard d’arbres à échéance 2030 dans le plan « France Relance » lancé par le président Emmanuel Macron. Les propriétaires forestiers devront donc être accompagnés dans le choix des essences au vue du réchauffement climatique. Faudra t’il planter demain des oliviers à Clermont-Ferrand ?
- L’enjeu agricole
La terre agricole sera prochainement à la vente sur de grandes superficies. En effet, le papy-boom des agriculteurs bat son plein et de nombreuses exploitations vont devoir trouver repreneur. Près de 160 000 exploitations agricoles vont être prochainement en cession sur le marché. Les repreneurs de ces fermes du XXIème siècle devront se baser sur de nouveaux modèles économiques, respectueux de l’environnement et de ses nouvelles normes, respectueux de la terre et de ce qu’elle peut produire notamment en fonction du réchauffement climatique mais aussi en fonction du consommateur dont les aspirations ont muté. Manger local, des produits de saison, être au fait de la traçabilité des produits sont aujourd’hui des impératifs de base.
L’agriculture biologique a en quelque sorte atteint son plafond de verre. Le consommateur ne veut pas dépenser davantage pour se nourrir mais veut pouvoir toutefois le faire bien et français.
L’agriculture est également dans un tournant en France comme à l’étranger. Mais sur quel modèle vont travailler ces 160 000 repreneurs de terre ? Certainement de manière éco-responsable et sans engrais. L’Europe impose l’interdiction des insecticides et du glyphosate de manière de plus en plus ferme. Il faudra faire avec toutes ces contraintes.
- L’eau l’enjeu majeur de survie
On se rend compte à l’échelle de la forêt en France que la pluviométrie n’est pas équilibrée toute l’année ce qui crée de véritables sécheresses en forêt et qui est à terme, mortel pour l’arbre. Si le sud remonte peu à peu vers la Belgique, il va se poser grandement le problème de l’irrigation des terres agricoles. Et le but reste le même que dans les années d’après-guerre mondiale : nourrir une population qui ne cesse de croitre. On parle de 11 milliards d’habitants sur terre en 2023 qu’il faudra alimenter sans eau, sans pesticide et en les nourrissant sainement.
Les industries travaillent dans le sens du développement durable pour devenir plus vertueuses car les consommateurs souhaitent aussi qu’elles le soient. Les démarches RSE (Responsabilité Sociétale des Entreprises) sont au coeur du sujet et toutes vont devoir jouer le jeu de l’action sociétale et environnementale, les petites comme les grandes entreprises.
La consommation d’énergie est enfin une source de questionnements pour l’avenir. La feuille de route pour 2050 est ambitieuse or, nous sommes largement en dessous en termes de producteur par rapport à la consommation. Le nucléaire est très consommateur d’eau et l’on se tourne vers les énergies renouvelables. Mais ces dernières doivent pouvoir être installées sur des zones naturelles, que l’on veut protéger. Il s’agira de trouver des compromis pour satisfaire tours les enjeux sachant que l’innovation progresse et peut amener des solutions surprenantes.
Agriculture, forêt, industrie, production d’énergies renouvelables sont des domaines qui doivent cohabiter dans les décennies à venir. Nous avons besoin de forêts de production pour produire du bois d’oeuvre. L’industrie du béton et de l’acier est très consommatrice d’eau. Le pendant peut être le matériau bois. Pour le produire, il est important de développer un certain type de sylviculture.
Nous avons besoin de forêts environnementales ou sanctuarisées pour préserver les écosystèmes ainsi que la faune et la flore. Mais nous avons aussi besoin de zones disponibles pour avoir la possibilité d’être vertueux sur nos énergies renouvelables et pour être moins consommateur d’énergies fossiles. La loi ZAN (Zéro Artificialisation Nette) réduit considérablement les nouvelles constructions mais comment faire pour développer les énergies renouvelables si les zones sont interdites à la construction ?
La forêt, l’innovation agricole, une meilleure gestion de l’eau, amèneront des réponses pour l’avenir. L’aménagement foncier est un grand chantier à venir en France qui doit conjuguer les enjeux environnementaux, les intérêts écologiques, urbains, industriels tout en proposant une bonne gestion des ressources et notamment de l’eau. L’homme doit être porteur de solutions.
TerrAgree est à la croisée de tous ces chemins en connaissant le terrain et en collaborant avec tous les acteurs économiques. La forêt peut être à la fois de production, environnementale et récréative, il s’agit de laisser sa place à chacun.