Dans cet article, Xavier Roussey, consultant TerrAgree, présente les enjeux du monde rural.
Difficultés à vivre et à trouver un emploi pour les uns, Eldorado avec la promesse de qualité de vie pour les autres. Le monde rural est perçu différemment par les citadins ou provinciaux.
A l’heure de la pandémie du coronavirus impacte et transforme en profondeur nos modes de vie, la campagne et ses atouts attirent différents acteurs :
- Grands espaces
- Jouissance d’éléments naturels tels que l’eau, la terre, le soleil
- L’accessibilité à la propriété
Les urbains tout d’abord qui rêvent d’une qualité de vie mais également l’industrie et notamment celle des énergies renouvelables qui connait un fort essor.
Entre opportunités, spéculation et sanctuarisation, le monde rural est soumis à de nombreuses pressions. Il est important de faire comprendre les enjeux de chaque acteur. L’objectif est de créer une perspective de partage cohérente de l’espace rural et du développement rural.
La pression sur le monde rural est de plus en plus forte
Le monde rural, ce sont des collectivités locales et territoriales, des entreprises (beaucoup de PME), un grand nombre d’artisans et de professions indépendantes. C’est aussi des agriculteurs qui façonnent le paysage par le travail de la terre.
Ces pressions viennent notamment des les associations écologiques qui ne prennent pas toujours en compte les contraintes agricoles. Ces associations sont parfois suivies trop rapidement par des politiques au niveau national, et le besoin fondamental de vivre de sa terre. Vivre de sa production implique une certaine rentabilité et des pratiques qui sont souvent diabolisées par les défenseurs de la nature.
Or, la croissance mondiale sur laquelle est basée une partie de notre économie, génère un besoin en ressources agricoles. En effet, les enjeux sont importants pour nourrir les futurs 11 milliards d’êtres humains avec un espace toujours plus limité. Le foncier agricole est envisagé comme une réponse à des problématiques mais aussi comme une source de revenus importants. Cependant, cette spéculation sur le foncier est considérée avec crainte par les agriculteurs. Il s’avère que cette augmentation exponentielle du prix du foncier est en inadéquation avec les rendements agricoles.
L’utilisation du foncier
De plus, le monde rural voit arriver de nouveaux acteurs. Par exemple, les promoteurs en énergies renouvelables, qui scrutent des terres qui leur permettraient d’implanter de nouvelles sources d’énergies. Malgré la nécessité de ce développement, ils sont soumis à de nombreuses pressions écologiques. En effet, les projets éoliens et photovoltaïques sont parfois à l’arrêt pendant des années voir même abandonnés. Pour faute, une mauvaise compréhension de l’importance de ces nouvelles sources d’énergies.
Sollicité, envié et faisant l’objet de spéculations, le foncier rural est considéré avec la plus grande attention. Désormais la terre n’intéresse pas uniquement pour cultiver ses fruits. Elle peut aussi abriter des parcs éoliens ou photovoltaïques. C’est une nouvelle façon d’envisager le foncier rural.
La forêt : un espace convoité
Les industriels du bois et de la papeterie sont très attentifs à leur terre de production qui leur fournit leur matière première. La forêt est pour ces derniers, une source de revenus et de renouvellement à condition, bien évidement de savoir la gérer.
Les associations écologiques quant à elles, souhaitent parfois sanctuariser ce haut lieu qui protège notre faune et notre flore. Il s’agit alors de trouver le juste milieu entre ces deux impératifs qui peuvent cohabiter.
De leur côté, les agriculteurs qui ont besoin d’augmenter leur surface de production, n’ont guère d’autre choix que d’empiéter sur les surfaces forestières avec des obligations de compensation très importantes et couteuses.
Enfin, les enjeux liés aux compensations carbone des grosses entreprises pollueuses et notamment en ce qui concerne le stockage du CO2, positionnent la forêt comme le lieu de toutes les attentes écologiques.
Entre protection, développement, fonctionnalité, rentabilité et zone de bien être, l’espace rural se doit de composer. Les nouvelles attentes, les impératifs environnementaux et l’avenir de la planète sont confrontés aux nécessités économiques. Seule la communication et la compréhension des acteurs en présence permettront d’avancer de façon constructive.
