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Histoire de forêt en France

Entre fascination, défrichement et gestion durable, le cours de l’histoire des forêts en France n’est pas un long fleuve tranquille.

La forêt française est aujourd’hui la 4ème plus grande d’Europe avec 16 millions d’ha de couverture boisée. Cela n’a pas toujours été le cas. Depuis la préhistoire jusqu’à nos jours, la forêt du territoire français que nous connaissons de nos jours, a été façonnée par les hommes en fonction de leurs besoins qu’ils soient pastoraux, agricoles ou bien encore industriels. Suivant les siècles, la forêt a subi des périodes de destruction, de déboisement, d’acclimatation et de reboisement, mais aussi de protection du patrimoine forestier notamment grâce aux ordonnances et codes forestiers qui ont régit(et continuent de le faire) l’exploitation des forêts en France.

Il sera intéressant de retracer l’évolution de la forêt de la période du néolithique jusqu’au moyen-âge, des grands défrichements aux reboisements, pour faire un état des lieux sur la forêt du XXIème siècle qui fait l’objet de toutes les attentions.

Du néolithique jusqu’au début du moyen-âge : la forêt est à l’état naturel

Il est erroné de penser que les forêts couvraient quasiment l’ensemble du territoire de ce que nous appelons la France, 2000 ans avant notre ère. Il s’avère, au travers de ce qu’il apparait dans les études modernes, que l’espace végétal, marqué par les dernières glaciations, ressemblait à une mosaïque combinant des forêts, des landes, des prairies, des bois clairs, mais aussi des marécages, des marais et des tourbières. Dès le néolithique, les hommes ont investi les zones de faible couverture forestière pour étendre prairies et cultures et zones des pacages.
Mais ces forêts comprenaient des zones d’ombres, des espaces sacrés et peu osaient s’y hasarder. Les Celtes possédaient de multiples dieux liés aux bois qui abritaient des forces surnaturelles.
C’est après la conquête romaine que l’homme va opérer une distinction : forêt/civilisation. La forêt (Sylva) représente alors le monde sauvage en opposition à l’espace cultivé (l’ager). Cet espace forestier n’est pas considéré comme exploitable, il renvoie au désordre et à l’insécurité. On lui préfère les terres cultivables. Ce sont les Gallo-Romains qui créent le cadastre. Le territoire, alors au ¾ boisé, est petit à petit morcelé par de longues voies romaines.
Après l’effondrement de l’Empire Romain et les invasions barbares du IV et Vème siècle, la forêt s’étend sur les espaces cultivés. Déclin des villes et déprise démographique font avancer la forêt sur les espaces abandonnés. Le changement climatique qui amène froid et humidité permet le développement de cette dernière.
L’homme s’adapte et une économie agro-sylvo-pastorale se met en place. Le paysan est à la fois agriculteur, berger et forestier. L’exploitation de cette forêt va faire l’objet d’une codification notamment de la part des seigneurs qui laissent aux paysans le droit de glaner.

Dès les années 800, la forêt ne couvre plus que les 3/5ème du pays, soit 30 millions d’ha. De nombreux monastères sont fondés. Les moines défrichent et mettent en culture les terres. C’est ce que l’on peut constater sur le plateau de l’Aubrac avec la Domerie de l’Aubrac, aujourd’hui vaste plateau sans arbres.

À partir du Xème siècle, l’Europe entre dans une phase de croissante démographique et économique. La forêt recule. 30 à 40 000 ha sont défrichés par an.

  • Premier code forestier

C’est donc en 1346 que Philippe VI de Valois crée le premier code forestier. Il fixe les règles afin d’économiser les ressources en bois et faire face à la consommation excessive du pays. En 1380, on estime à 14 millions d’ha de couvert forestier, soit 25% du territoire.

Les grands travaux navals se développent. Au XVIIème siècle, Louis XIV étend sa flotte. C’est à cette période que Colbert, contrôleur général des finances du royaume, désireux de doter le royaume d’une marine de guerre puissante, a décidé de planter plus d’un million d’arbres avec des troncs sélectionnés. C’est à cette période que nait la futaie Colbert dans la forêt de Tronçais au cœur de l’Allier. L’objectif est d’obtenir du bois d’œuvre dans les plus brefs délais. La construction de bateaux fait disparaitre partout en France des Chênes centenaires.

La fabrication de canons dans les hauts fourneaux est très consommatrice de charbon de bois fourni par les taillis autour des forges. On voit apparaitre les premières industries de mines, des forges, des verreries, des solines qui font le vide autour d’elles.

En 1669 la réforme Colbert « Ordonnance de 1669 » sur le fait des Eaux et Forêts vient protéger la ressource en bois. Les massifs surexploités sont alors protégés et 1/4 de la forêt française est mise en réserve totale. Le traitement en futaie est généralisé. Cette ordonnance Colbert concerne les forêts royales, mais également celles de l’église, des seigneurs et des communes.

Les discours alarmistes du moyen-âge ne cessent de se vérifier. À la Révolution française, on ne peut que constater que l’industrie, le chauffage, la marine, la construction, l’agriculture et le pâturage ont mis à mal le couvert forestier. En 1820, seulement 12% du territoire est couvert par la forêt. On parle du « minimum forestier en France ».

  • En 1827 un nouveau code forestier apparait

Il impose de nombreuses restrictions et aménagements dans les forêts avec un contrôle sévère de son application. Le défrichement est soumis à autorisations et le pâturage est désormais interdit en forêt. Ce code forestier sera clarifié avec la loi du 18 mai 1951 pour être remanié en grande partie par la grande Loi Forestière de 2001. En 2012, le Code Forestier est totalement réorganisé mais les changements de fonds touchent principalement la défense des forêts contre l’incendie. En 2016, le « Nouveau Code Forestier » voit le jour affinant la version de 2012. Cette dernière version distingue le régime forestier public (forêts d’Etat, des collectivités territoriales et établissements publics), pour les privés et les particuliers.

L’industrie évolue et utilise désormais du charbon de terre : la houille.

photo forêt

Le temps des reboisements

Au XIXème siècle, géographes et agronomes s’accordent sur l’idée d’un « ordre naturel », un équilibre sur lequel la forêt tient une très grande place. On ne se met pas à redouter un manque de bois, mais plus encore un dérèglement profond de l’ordre naturel. Les crues et inondations qui frappèrent la France entre 1840 et 1856 furent perçues comme une conséquence du déboisement. Les officiers des Eaux et Forêts et des ingénieurs des Ponts et Chaussées prônèrent donc le reboisement massif.
Un discours très fédérateur qui sensibilisa Napoléon III. Il ordonna la régénération de la Forêt des Landes et il promulgua en 1860 une loi sur le reboisement des montagnes.
En 1867, 90 000 ha de dunes furent donc boisés en pins maritimes suite à la loi de 1857 obligeant les communes à assainir et ensemencer les Landes.
La progression du couvert forestier est donc à nouveau en marche. En 1850 la France est recouverte de 9 millions d’ha de forêt, 10 millions en 1914.

  • 1947 Le Fond National Forestier

Ce fond encourage une gestion plus dynamique de la forêt française et vise à aider la filière bois à se développer. Il va principalement encourager le reboisement résineux  et à désenclaver les forêts en favorisant l’accès aux grumiers. Les peupliers pour développer la production de pâte à papier sont également plantés en masse.

En 1966 ; l’Office National des Forêts est créé, instance nationale chargée de gérer les espaces forestiers durablement en luttant contre le défrichement et les incendies. De plus, la déprise agricole, l’exode vers les villes connut au XXème siècle a fait progresser le couvert forestier en France. Aujourd’hui la forêt française s’étend sur 17 millions d‘hectares, retrouvant approximativement le niveau de couvert du moyen-âge.

La forêt en France en 2023 représente 31% du territoire métropolitain et continue de s’accroitre par expansion naturelle à un rythme de 85 000 ha par an depuis les années 80 ! Aujourd’hui, les enjeux autour de la séquestration du carbone et du maintien de l’équilibre de la biodiversité font de la forêt un espace naturel à préserver dans une optique de développement durable.

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